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Et font craquer le lit ;
C’est une passion forte comme une fièvre,
Une lèvre de feu qui s’attache à ma lèvre
Pendant toute une nuit.

C’est une cuisse blanche à la mienne enlacée,
Une lèvre de feu d’où jaillit la pensée ;
Ce sont surtout deux seins.
Fruits d’amour arrondis par une main divine,
Qui tous deux à la fois vibrent sur la poitrine
Qu’on prend à pleines mains !

Eh bien ! venez encore vanter vos pucelles
Avec leurs regards froids, avec leurs tailles frêles,
Frêles comme un roseau ;
Qui n’osent d’un seul doigt, vous toucher, ni rien dire,
Qui n’osent regarder et craignant de sourire
Ne boivent que de l’eau !

Non ! vous ne valez pas, ô tendres jeunes filles,
Au teint frais et si pur caché sous la mantille
Et dans le blanc satin,
Les femmes du grand ton. En tout, tant que vous êtes,
Non ! vous ne valez pas, ô mes femmes honnêtes
Un amour de catin !