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FRONTENAC

bien mal inspiré de choisir un aussi beau nom pour en baptiser un malfaiteur imaginaire ou pour en masquer la personnalité d’un vrai criminel.

Une chose certaine : le docteur Frontenac, si tant est qu’il ait existé, descend encore moins des Buades que Saint-Simon de Charlemagne. Pour cette unique mais excellente raison que notre Frontenac, le vainqueur de Phips, fut le dernier des Buades. Olivier Goyer, son panégyriste, nous le déclare formellement dans son oraison funèbre :

« Dans sa personne, disait-il, à la date du 19 décembre 1698, se termine glorieusement une longue suite de grands hommes, qui ne se perpétuera plus que dans l’histoire [1]. »

Je n’ai pas à me demander ici — à la dernière page de cette longue étude — s’il existe ou non un portrait de Frontenac. Cette question, pour y répondre convenablement, exigerait tout un article. Je dirai seulement que, si j’étais collectionneur d’estampes, et que j’eusse le temps de chasser aux portraits historiques, j’irais d’abord à Paris, puis à Rome, étudier l’œuvre du célèbre italien, à la fois peintre, statuaire et architecte, Giovanni-Lorenzo Bernini, le cavalier Bernin, comme on l’appelait en France, au dix-septième siècle.

On me demandera, peut-être avec étonnement, la raison de ce point de départ dans mes recherches à la découverte d’un portrait de Frontenac. La voici. Rappelons-nous que Colbert, voulant achever le Louvre et le réunir aux Tuileries, appela d’abord de l’Italie, où lui-même avait voyagé, l’architecte et le sculpteur du Pape, Bernini, ou, si l’on aime mieux, le Bernin. Ce fut en 1665 que le Bernin vint à Paris, et Colbert le logea, devinez où ? dans l’hôtel de Frontenac !

Or, les biographes de Bernini nous racontent qu’il existe, en outre des œuvres classiques cataloguées du

  1. Cf : Oraison funèbre de Frontenac, — Bulletin des Recherches Historiques, livraison de juin 1895, page 82.