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ET SES AMIS

fumier dans la personne de sa bru, la femme d’un fermier-général ?[1]


  1. Ce mépris inné de la noblesse française pour l’homme du peuple est universel et se retrouve à chacune des époques de la monarchie. Il enveloppe dans son beau dédain la bourgeoisie toute entière et même cette partie de la noblesse qui n’est pas née dans le royaume, et que j’appellerais noblesse coloniale. À quelles railleries M. de Vaudreuil ne fut-il pas en butte quand il épousa Mademoiselle de Joybert, et à quels obstacles se heurta sa candidature au gouvernement du Canada ? Et pourquoi ? Uniquement parce que Mademoiselle de Joybert était canadienne, — car elle avait eu la distraction de naître à Port Royal, en Acadie. Aux yeux de la haute pègre, elle n’était plus qu’une métisse, un sang-mêlé, une tarée de bourgeoisie. Mademoiselle de Joybert, devenue Madame de Vaudreuil, fut nommée plus tard institutrice des enfants de Louis XV, mais elle eut, au préalable, et avant d’entrer en office, à s’excuser d’être née dans les colonies !