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CHAPITRE II


Madame de Frontenac appartient-elle à l’histoire de la Nouvelle-Frauce ? — Pourquoi la fière comtesse ne vint pas au Canada. — Explications boiteuses et interprétations malignes de cette absence. — Quelle en était la véritable raison. — Frontenac et Madame de Montespan. — Devons-nous garder rancune à Madame de Frontenac de n’avoir pas suivi son mari à Québec ? — Ce que nous valut la présence permanente de Madame de Frontenac à Paris.


À l’encontre de plusieurs écrivains, qui regardent la comtesse de Frontenac comme étant parfaitement étrangère à l’histoire du Canada,[1] je maintiens qu’elle en est un des personnages intéressants, considérable même, par l’influence qu’elle exerça sur les destinées politiques de la Nouvelle-France quand elle fit nommer son mari gouverneur.

« Le successeur de M. de Courcelles, dit Rochemonteix [2], Louis de Buade, comte de Palluau et de Frontenac, est le gouverneur le plus éminent que Louis XIV ait donné à la Nouvelle-France. » Et ailleurs il ajoute : « Cette époque — c’est-à-dire la seconde administration de Frontenac, 1689-1698 — de l’histoire du Canada, est assurément la plus glorieuse du dix-septième siècle. »

  1. Notre grand historien national, Garneau, ne nomme même pas la comtesse de Frontenac. Elle est également ignorée de Charlevoix. Pour qui ne lit que ces deux auteurs classiques, Frontenac est un célibataire qui meurt comme il a vécu : garçon !
  2. Cf : Rochemonteix, Les Jésuites et la Nouvelle-France au 17ième siècle. Vol. III, pages 94 et 267.
    M. Léon Dussieux, professeur d’histoire à l’École impériale militaire de Saint-Cyr, disait, en 1867, au cours de l’une de ses leçons :
    « Monsieur de Frontenac est l’un des hommes les plus éminents du dix-septième siècle. »