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FRONTENAC

le soutenir contre ses rivaux, qui tous se confondent avec ses détracteurs, des amis sûrs et bien en place : le duc du Lude, grand maître de l’artillerie, le maréchal de Bellefonds, le marquis de Seignelay, le grand Louvois, et tutti quanti. « Mais de tous ceux-là, écrit M. Henri Lorin, madame de Frontenac fut la plus active. Elle était en correspondance régulière avec le comte, et c’est un malheur que nous n’ayons pu retrouver ses lettres qui devaient être riches de détails curieux et instructifs ; elle usa de toute son influence, de toutes ses relations pour faire prolonger le gouvernement de son mari. »[1]

Que penser maintenant de la véracité historique de messieurs Saint-Simon, Tallemant des Réaux et consorts, venant nous dire que des amis dévoués, « heureux de le dépêtrer de sa femme, » firent nommer Frontenac au gouvernement du Canada, quand il appert que le premier de ces bons amis par l’intelligence, le zèle et l’activité politique est la femme même du lieutenant-général ?

Mais n’anticipons pas ; dans l’ordre de tout bon plaidoyer, les conclusions suivent la preuve faite à l’enquête.

Les affaires de la Nouvelle-France allant de mal en pis, Louis XIV se détermina à révoquer Denonville. Mais auparavant, il fallait lui trouver un successeur, un homme d’initiative et d’énergie, qui fût à la fois diplomate, militaire et bon administrateur.

Depuis son rappel (1682) Frontenac avait toujours

  1. Cf : Lorin, Le Comte de Frontenac, page 28.
    Au cours d’une conférence donnée à l’Institut Canadien de Québec, le 9 mars 1880, M. T. P. Bédard disait : « J’ai été assez heureux pour constater d’une manière irréfutable qu’un mémoire déposé aux archives du Ministère des Affaires Étrangères à Paris et intitulé : Défense du comte de Frontenac par un de ses amis, est rédigé par la comtesse elle-même. »
    Cf : Annuaire de l’Institut Canadien de Québec — année 1880 page 43.
    Malgré ce beau plaidoyer de la plus belle des femmes du royaume, Frontenac fut rappelé (1682). De la Barre lui succéda, puis, à son tour, fut remplacé par Denonville.