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ET SES AMIS

écrivain, M. Charles De Coursy,[1] attaché à la rédaction du grand journal catholique français L’Univers, de Paris.

« Nous devons constater, disait-il, à l’honneur de Madame de Frontenac que les mémoires que nous avons feuilletés ne l’accusent nullement d’avoir failli à la vertu. Saint-Simon et surtout Tallemant des Réaux sont cependant bien méchants quand il s’agit de dévoiler les fautes d’une jolie femme. Ils en inventeraient plutôt au besoin afin de donner à leurs récits le piquant de la médisance ; mais pour Madame de Frontenac on se borne à célébrer sa beauté, son esprit, sa coquetterie pour tous, sans préférence coupable, et ce talent de se faire une cour d’adorateurs, sans aller elle-même jamais à la Cour. »

Et plus loin :

« Ne nous posons pas en juges trop sévères de la comtesse de Frontenac. Sans doute son devoir aurait été d’accompagner le comte en Canada et de donner l’exemple aux nobles dames qui y fondaient la colonie sur les bases si solides de la vertu et de la charité. Mais, douée de tant d’attraits et de séductions, dans un siècle où les faiblesses trouvaient tant d’excuses aux yeux du monde, il lui faut savoir gré d’avoir conservé une réputation intacte et une considération générale dans tout le cours d’une existence longue et honorée. »

Vingt-cinq ans plus tard, le 11 décembre 1879, à l’une des séances solennelles de l’Institut Canadien de Québec, feu le regretté archiviste Théophile-Pierre Bédard — et il connaissait bien ses Frontenacs, celui-là — disait à son tour :

« Le comte et la comtesse de Frontenac vécurent séparés ; mais il faut dire à la louange de la comtesse

  1. Ce pseudonyme, Laroche-Héron, était le nom de sa mère. En 1855, à Montréal, M. Charles de Coursy a publié, sous le pseudonyme de C. de Laroche-Héron, un intéressant opuscule intitulé : Les Servantes de Dieu en Canada.