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CHAPITRE VI


Madame de Frontenac confidente de Madame de Maintenon. — Lettres de Madame de Maintenon à Madame de Frontenac. — Indigence de Madame de Frontenac.


Le silence des chroniques scandaleuses du dix-septième siècle constitue pour les bonnes mœurs de Madame de Frontenac une preuve tacite, insuffisante, je l’avoue, à convaincre les prévenus et les sceptiques ; mais, grâce à Dieu, il en existe une autre, positive celle-là : les Lettres de Madame de Maintenon.

En effet, une des liaisons les plus intimes de Madame de Frontenac fut précisément l’amitié toute confidentielle que lui voua la compagne de Louis XIV. Le recueil de la correspondance particulière de cette illustre grande dame le prouve éloquemment. Malgré l’élévation subite de cette amie de sa jeunesse, Madame de Frontenac continua jusqu’à sa mort de recevoir ses lettres, intimes comme leur liaison. C’est Madame de Frontenac que Madame de Maintenon choisit pour conseillère dans la circonstance la plus grave et la plus solennelle de sa vie. Aussi, quel plus grand éloge donner au mérite de Madame de Frontenac que de la voir, en quelque sorte, diriger la conduite d’une personne aussi éminente que Françoise d’Aubigné.[1] Pareille confiance, semblable intimité ne projettent-elles pas un reflet de véritable gloire historique sur Madame de Frontenac ?

En 1672, Louis XIV essayait les premières séductions et cherchait à entraîner au mal la marquise de Maintenon. Celle-ci résiste, et, tout en accueillant avec

  1. Cf : Walckenaer, Mémoires touchant la vie et les écrits de Mde de Sévigné, tome IV, page 132 — Paris, 1848.