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FRONTENAC

respect les preuves de l’amour du roi, ne lui donne aucune espérance et lui fait bien entendre qu’il ne trouvera jamais en elle une vile imitatrice des Fontanges et des Montespan.

La Montespan ! À quels accès de jalousie farouche Françoise d’Aubigné ne fut-elle pas en butte de la part de cette femme, dangereuse toujours, mais particulièrement redoutable alors qu’elle était la maîtresse en titre du Roi. Aussi, combien habile se montra Madame de Maintenon quand elle s’assura le concours de Madame de Frontenac dans cette lutte à mort qu’elle soutint contre la favorite. Jamais alliée ne fut plus ardente et plus fidèle à combattre. L’acuité de son esprit sagace s’affinait encore de toute l’âpreté de la haine jurée à l’amante de son mari ! La veuve de Scarron savait bien qu’Anne de la Grange ne pardonnerait jamais à Mademoiselle de Mortemart, ou, tout au moins, conserverait vivace le souvenir de « la mortelle injure, » pour parler le langage cornélien de l’époque. L’avenir prouva qu’elle n’avait pas vainement calculé sur l’appoint de cette rancune féminine. Elle-même eut à subir de la rivale triomphante de Mademoiselle de la Vallière les plus dures querelles ; au point qu’elle en aurait peut-être quitté la Cour, de guerre lasse, sans les instances de son confesseur, l’abbé Gobelin, qui parvint à l’y retenir en vue du salut du roi. Madame de Maintenon, en effet, sans autre intérêt apparent que celui de la religion et de la vertu, détacha peu à peu Louis XIV de sa maîtresse officielle, puis des autres favorites de passage, et lentement, mais sûrement aussi, sans chercher à supplanter personne, elle le rapprocha de la reine.

Plus on étudie la conduite de Madame de Maintenon, en cette délicate circonstance, et plus on se convainc qu’elle n’exerce son influence que pour donner à son souverain les plus nobles conseils. Elle lui peint, sous les plus vives couleurs, les charmes de la religion et de la vertu, le fait rougir de ses passions coupables, et cherche à le ramener à Marie-Thérèse. Tout d’abord, Louis XIV