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ET SES AMIS
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demain. Je n’ai pas un moment de repos ; Madame la Dauphine est en retraite. Je ne serais plus ici si sa dévotion ne m’y avait retenue. Priez Dieu pour moi ; je ne fus jamais si agitée ni si combattue.



Lettre 48ième
À la même
10 octobre 1680.

Je reçois tous les jours de nouvelles grâces du Roi. Mais ma santé qui s’affaiblit tous les jours ne me permettra pas d’en jouir bien longtemps. Tout ce que j’acquiers en crédit, je le perds en tranquillité : cette vie m’est insupportable. Le Roi se défie de moi et me craint ; il me comble de biens pour me fermer la bouche ; il aime la vérité et ne veut pas l’entendre. Il vit dans une habitude de péché mortel qui me fait trembler, je ne puis plus voir toutes ces choses ; si cela continue, je me retirerai ; il est sûr que c’est offenser Dieu que de vivre avec des gens qui ne font que l’offenser. La piété contracte une certaine tiédeur, sans qu’on s’en aperçoive. Je serais déjà hors de ce pays si je ne craignais que le dépit ne contribuât plus à m’en éloigner que le désir de mon salut. Je sacrifie a Dieu tout ce qui pourrait m’attacher ici ; et je ne puis me résoudre a accomplir mon sacrifice. La piété de Madame la Dauphine me confirme dans mes bons sentiments, et en même temps détruit tous mes projets.



Lettre 49ième
À la même

Je n’ai jamais mieux reconnu combien je me faisais illusion : je suis encore bien loin du détachement où j’aspire. Mes chaînes ne furent jamais ni si pesantes ni si fortes. Je ne sais que dire à l’abbé Gobelin ; je crains de me rendre coupable d’une obstination qui offenserait Dieu : je suis une malade qui cache son mal par la crainte des remèdes.