Page:Myrand - Noëls anciens de la Nouvelle-France, 1899.djvu/108

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Vous me direz : ceci est un conte imaginé par quelque latiniste ventriloque en disponibilité d’emploi.

Nullement ; cette pastorale religieuse se jouait en Bourgogne, dans les églises, et pas plus tard qu’aux premières années de notre siècle, le dix-neuvième.

« On représentait en pleine église, écrit M. Simon Boubée dans un très bel article de revue sur la La littérature de Noël, on représentait en pleine église, un coq, un bœuf, un mouton et un âne.

« Le coq chantait : Nobis natus est Christus !

« Le bœuf demandait : Ubi ? On avait le soin de lui faire prononcer ce mot latin-lâ à l’italienne, cela donnait Oûbi, un meuglement parfait, la coqueluche des basses profondes.

« Le mouton répondait : Bé—é-é-thléem.

« Et l’âne s’écriait, avec un ton de résolution qui empoignait toute l’assistance : Eamus ! Eamus ! ! »

« Et il y en avait qui partaient, — croyant que c’était arrivé !

« C’était véritablement le Noël des bêtes.

« Il le faut bien avouer, ces représentations publiques dans les églises dégénérèrent parfois en bouffonneries, à preuve l’exemple cité plus haut. Mais la foi naïve de ces temps reculés n’en recevait nulle atteinte. Elle était comme l’ambre qui ne retient aucune souillure, comme le cristal sur lequel glisse toute impureté. Et de même que les sculpteurs pouvaient, sans causer de scandale, orner les chapiteaux des cathédrales d’images que notre moralité raffinée qualifierait sévèrement aujourd’hui, de même les auteurs des noëls se permettaient, sans malice, d’étranges familiarités avec leur divin sujet. »

J’ai dit, précédemment, pourquoi Monseigneur Plessis, à son avènement au trône pontifical de Québec, avait