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NOËLS ANCIENS

Noël boit bien le vin anglais,

Et le gascon, et le français,
xxxEt l’angevin ;
Noël fait boire son voisin,
Si bien qu’il s’endort la tête penchée
xxxSouvent le jour,

Dieu donne ici, etc.

Seigneurs, je vous dis de par Noël,
Et de par les maîtres de cet hôtel,
xxxQue buviez bien ;
Et moi primo je boirai le mien,
Et après chacun le sien

xxxPar mon conseil.
xxxxxxxxxxFinale Je vous dis donc à tous : « À votre santé ! »
Qui me dira joyeusement : « Trinquons ? »[1]

Un autre noël de la même époque retraçait la joie des bêtes à la nouvelle de la naissance du saint Enfant et donnait lieu à des tours de force d’harmonie imitative, car les chanteurs s’évertuaient à rendre, avec un naturel épatant, une vérité d’un comique irrésistible, le chant du coq, le mugissement du bœuf, le bêlement de la chèvre, le braiment de l’âne et le beuglement du veau.

Comme les bestes autrefois

Parlaient mieux latin que françois,
Le coq de loin voyant le faict
S’écria : Christus natus est !
Le bœuf d’un air tout ébaubi
Demande ; Ubi, ubi, ubi ?
La chèvre se tordant le groin
Respond que c’est à Beth-lé-é-em !
Maistre beaudet, curiosus
De l’aller voir, dit : Eamus !
Et, droit sur ses pattes, le veau

Beugla deux fois : Volo, volo ![2]


  1. Cette finale du carol anglo-normand est fort typique :
    — « Si jo vus di trestoz : Wesseyel !
      Dehaiz est qui ne derra : Drincheyl ? »
  2. Cf ; Paul Lacroix : Sciences et Lettres au Moyen-Age. — Paris, 1877, pages 445 et 446.