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NOËLS ANCIENS

et personnages muets : l’Enfant Jésus, la sainte Vierge, saint Joseph, les bergers, les rois-mages, le bœuf et l’âne traditionnels ; son unique actrice : la bergère. N’oublions pas le chœur — toute l’assemblée des petits enfants, — des mioches de cinq à huit ans, l’assistance ordinaire de nos Saluts de l’Enfant Jésus à la Fête des Saints Innocents — le chœur qui donnera la réplique à l’actrice, comme dans la tragédie grecque, ou plutôt lui posera les questions du dialogue : D’où viens-tu ? Qu’as-tu vu ? Rien de plus ? Écoutez répondre la petite bergère, la prima donna de cette opérette en cinq couplets. Et je parie que vous rapporterez de ce spectacle naïf un souvenir attendrissant, une impression délicieuse.

Ce fut du moins le sentiment de Michelet, car il écrivit au lendemain d’une audition semblable, à propos des noëls populaires : « Il y avait alors dans l’Église un merveilleux génie dramatique, plein de hardiesse et de bonhomie, souvent empreint d’une puérilité touchante. L’Église quelquefois aussi se faisait petite ; la grande, la docte, l’éternelle, elle bégayait avec son enfant ; elle lui traduisait l’ineffable en puériles légendes ! »

Monsieur William McLennan, de Montréal, récemment élu membre de la Société Royale du Canada, publiait en 1886, une traduction anglaise de ce délicieux noël enfantin. C’est un petit chef-d’œuvre d’élégance, de rythme et de littéralité. Je ne résiste pas à la tentation de le reproduire ici.

— “ Whence art thou, my maiden,

— “ Whence art thou ? ”
— “ I corne from the stable
— “ Where this very night,
— “ I, a shepherd maiden,
— “ Saw a wondrous, sight. ”

— “ What saw’st thou, my maiden,
— “ What saw’st thou ? ”
— “ There within a manger
— “ A little Child I saw,
— “ Lying softly sleeping

— “ On the golden straw. ”