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NOËLS ANCIENS

Au dix-huitième siècle, le cantique religieux fit à la chanson populaire une guerre d’extermination, une véritable chasse de corsaire. Chansons bachiques, chansons érotiques, chansons enfantines même, toutes furent traquées comme des bêtes fauves, forcées dans leurs derniers refuges par l’implacable ennemi. Pour une d’elles qui échappait, cent autres étaient étouffées sous un travestissement brutal. On leur volait insolemment la musique de leurs mélodies, et la poésie même de leurs couplets. Bref, les chansons populaires furent passées au fil de la plume, encore plus tranchant que celui de l’épée. Le massacre en fut général, et moultes innocentes rondes, villanelles et berceuses périrent.

En voici une qui échappa à la fureur d’Hérode.


CANTIQUE DE NOËL

l’heureuse nouvelle

Le ciel calme son courroux,
L’heureuse nouvelle !
Un Sauveur est né pour nous,
L’heureuse nouvelle !
Allons voir ce Roi si doux
Sa voix nous appelle tous,
Sa voix nous appelle tous,
Sa voix nous appelle.

La paix revient en ces lieux,
L’heureuse nouvelle !
Par cet Enfant glorieux,
L’heureuse nouvelle !
Quel éclat brille à nos yeux !
Sa voix nous appelle aux cieux,
Sa voix nous appelle aux cieux,
Sa voix nous appelle.

Tout est en joie aujourd’hui,
L’heureuse nouvelle !
Contre le trouble et l’ennui
L’heureuse nouvelle !
Un Dieu sera notre appui ;
Sa voix nous appelle à Lui,
Sa voix nous appelle à Lui,
Sa voix nous appelle.

Etc., etc.
CHANSON POPULAIRE

la bonne aventure

Je suis un petit garçon
De bonne figure,
Qui aime bien le bonbon
Et la confiture.
Si vous voulez m’en donner,
Je saurai bien les manger,
La bonne aventure, ô gué !
La bonne aventure.

Je serai bien sage et bon
Pour plaire à ma mère ;
Je saurai bien ma leçon
Pour plaire à mon père ;
Je veux bien les contenter.
Et s’ils veulent m’embrasser,
La bonne aventure, ô gué !
La bonne aventure.

Lorsque les petits garçons
Sont gentils et sages,
On leur donne des bonbons,
De belles images ;
Mais quand ils se font gronder.
C’est le fouet qu’il faut donner
La triste aventure, ô gué !
La triste aventure.

——


Cette fois encore le condamné à mort tua le bourreau. La chanson enfantine enterra vif le cantique religieux ;