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NOËLS ANCIENS

elle le noya dans la confiture, l’écrasa sous le bonbon de son premier couplet. Défunt Vert-Vert, bourré de sucre et brûlé de liqueurs, trépassa de la sorte. On meurt souvent en brave, très rarement en perroquet ; ce qui advint cependant pour la parodie spirituelle de l’éditeur Garnier. Elle le méritait bien.

Il était suprêmement ridicule, en effet, d’exiger de petits enfants qu’ils vinsent à oublier leur chanson favorite, La Bonne aventure, ô gué ! l’hymne national de la friandise. Et voilà pourquoi le vieux cantique dort, comme un grand de la terre, au tome premier du recueil Garnier, un sommeil qui n’a pas reçu les promesses d’une résurrection glorieuse. Enseveli, depuis 1750, dans le silence des bibliothèques et la poussière des bouquins, il repose en paix tandis que tous les gamins de la France et du Canada, revenant de l’école, chantent encore, chantent toujours :


La bonne aventure, ô gué !
La bonne aventure !


J’ai dit, tout à l’heure, que les compositeurs ou les compilateurs de cantiques spirituels — et, en particulier, celui du recueil Garnier, — pillaient impunément la musique et les couplets de la chanson populaire.

Je prouve mon affirmation d’un saisissant exemple. On cherchera longtemps, je crois, avant que de trouver un spécimen de plagiat plus manifeste, un décalque plus audacieux.