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NOËLS ANCIENS

Ces airs que l’on chantait à Québec, au Palais des Intendants de la Nouvelle-France, sous l’administration de Messires Jacques et Antoine Raudot, ne les cherchez pas ailleurs qu’aux répertoires de Lulli, de Campra, de Destouches, dont les opéras, uniquement composés pour flatter et tenir l’oreille du maître, étaient autant de recueils de cantates écrites à la louange éternelle, à la gloire incomparable, à l’apothéose permanente de ce soleil éblouissant, fascinateur, qui se nommait Louis XIV dans le ciel politique de la France. Au dix-septième siècle, le théâtre, l’opéra, les beaux-arts, les belles-lettres n’ont qu’une voix pour acclamer le dieu-monarque !

Or, ce fut sur les plus beaux airs de cette musique adulatrice que Pellegrin écrivit près de la moitié de ses Noëls nouveaux. J’ai donc lieu de croire que ces cantiques furent à la mode à Québec, du moins au temps des Raudot, qui donnaient le ton — c’est bien le cas de le dire — à l’aristocratique société de la capitale. Les Raudot administrèrent, en leur qualité d’intendants, de 1705 à 1711 ; ces six années correspondent à celles des éditions des recueils des Noëls nouveaux publiées par Pellegrin, à Paris, chez Nicolas Leclerc.[1] Cette coïncidence de dates ajoute encore aux raisons de vraisemblance qui militent en faveur de ma prétention.

Voici, maintenant, la liste des airs d’opéras et de vaudevilles sur lesquels furent écrits les noëls de l’abbé Pellegrin. J’ai suivi, pour la récapitulation des motifs empruntés au répertoire de Lulli, l’ordre chronologique des œuvres de ce grand musicien.

    gieuse au Canada m’en rappellent un autre également précieux. D’après M. Ernest Gagnon, le premier orgue de la cathédrale de Québec fut inauguré sur la fin de l’année 1664, probablement le jour de Noël.

  1. Les Poésies chrétiennes, contenant les Noëls nouveaux, les Chansons et les Cantiques spirituels, parurent en 1701. Les Lettres de Privilège, datées le 16 mai 1701, furent accordées à Leclerc pour huit ans. Le 21 avril 1709, elles furent renouvelées par dix autres années consécutives.