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NOËLS ANCIENS

longue à préparer. J’en sais quelque chose. Mais son incontestable utilité m’imposait cette tâche ardue. Cette liste d’airs anciens sera d’un précieux secours à ceux-là qui, plus tard, écriront la grande histoire des Noëls anciens de la Nouvelle-France.

Ces Noëls nouveaux, que Pellegrin composa ainsi sur la musique des opéras de Lulli, de Campra, de Destouches, des vaudevilles de Pierre Gaultier, de Bénigne de Bacilly, de Bousset, de Pibrac, se chantaient par toute la Nouvelle-France, et plus particulièrement à Québec, de préférence peut-être aux Noëls nouveaux que le même auteur avait écrits sur les chants d’église et les airs des Noëls anciens. Ce qui me confirme, ou plutôt m’entraîne, dans cette opinion, est le passage suivant de l’Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec où la célèbre Mère Juchereau de Saint-Ignace parle de l’Intendant Raudot[1] qui venait, en 1711, d’être rappelé en France.

« C’était un vieillard plein d’esprit, d’une conversation agréable et aisée, qui parlait bien de toutes choses. Il possédait l’histoire de tous les pays et s’entretenait familièrement avec tout le monde. Il aimait beaucoup la jeunesse et lui procurait chez lui d’honnêtes plaisirs. Son divertissement était un concert mêlé de voix et d’instruments. Comme il était obligeant, il voulut nous faire entendre cette symphonie, et plusieurs fois il envoya ses musiciens chanter des motets dans notre église. On ne chantait presque chez lui que des airs à la louange du roi, ou des noëls, dans la saison. »[2]

  1. Il s’agit ici de Jacques Raudot, et non pas de son fils Antoine Raudot, rappelé l’année précédente, en 1710. Les deux Raudot se partagèrent, de 1705 à 1710, les fonctions de leur charge. Le père se réserva la justice, la police et les affaires générales ; le fils s’occupa des finances, de la marine et du commerce. Jacques Raudot avait succédé à M. de Beauharnois à l’Intendance ; il y fut remplacé par Michel Bégon.
  2. Juchereau : Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, édition de 1751. page 463.

    Ces détails intéressants pour l’histoire de la musique reli-