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XVIII.


Bien différent est le second des noëls du recueil Garnier que je crois devoir publier dans cette étude : Célébrons tous d’une voix. Solennelle et grave, sa musique semble beaucoup moins appartenir aux couplets d’un joyeux cantique qu’aux strophes plaintives d’une hymne liturgique.[1] Sa mélodie respire un tel sentiment religieux que l’on a composé sur ses phrases une prière eucharistique.[2] L’onction pénétrante, la ferveur expansive, la mélancolie douce et calme, toutes expressions vraies des joies sereines de l’âme, excusent absolument, justifient même cette méprise du poète écrivant un cantique de communion sur le rythme de ce noël.

Il serait faux de prétendre d’ailleurs et d’exiger qu’un chant de Noël soit nécessairement d’un caractère très gai. L’Église ne reconnaît dans toute l’année liturgique qu’une seule fête de parfaite allégresse : Pâques. Encore la joie de ses hymnes et de ses alléluias est-elle contenue par la majesté du lieu saint ; l’enthousiasme du Christianisme n’éclate pas en fanfares tapageuses et bruyantes sous la voûte de ses temples, la voix puissante de l’orgue parle dignement, sans transports comme sans délires, le religieux langage de ses plus grands bonheurs. La prose célèbre, Victimæ paschali laudes, en offre, à mon avis, un magnifique exemple.

  1. L’hymne ancienne de la fête de l’Apparition de Saint Michel, Tibi, Christe, splendor Patris, composée par Raban Maur, en est une des plus remarquables sous ce rapport. — Cf : Le paroissien noté de l’abbé Laverdière, page 535.
  2. Cf : Ernest Gagnon : Cantiques populaires du Canada français, pages 50, 51 et 52.
    Allons au banquet divin,
    Le Seigneur nous invite à sa table, etc., etc.

    Ce cantique se chante encore aujourd’hui dans le diocèse des Trois-Rivières, et particulièrement à Louiseville, l’ancienne paroisse de la Rivière du Loup (en haut).