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NOËLS ANCIENS

Ainsi des émotions suggérées par la musique : amour divin, amour humain, délire des sens, ivresse de l’âme, haine, colère, terreur, enthousiasme, orgueil, toutes ces émotions violentes sont complexes. Or, les émotions complexes sont des résultantes dont on ne saurait, a priori, deviner les facteurs.

Je termine, peut-être mieux dirais-je je corrige ce commentaire, dangereux pour moi qui ne suis pas musicien, par une définition et une citation. La définition est de Joseph D’Ortigue[1] :

« La musique, dit-il, est un langage donné à l’homme comme auxiliaire de la parole, pour exprimer, au moyen de la succession et de la combinaison des sons, certains ordres de sentiments et de sensations que la parole ne saurait rendre complètement. »

La citation est de M. Ernest Gagnon :

« La musique, dit-il, sait tout poétiser, tout ennoblir. Pour qu’un chant puisse faire naître une émotion profonde, il n’est pas nécessaire que les paroles en soient marquées au sceau du génie ; il suffit que la donnée générale fournie par le poète soit de nature à réveiller un sentiment quelconque se rapportant à la tristesse ou à la joie. La musique fait le reste. Elle vient donner une intensité merveilleuse à ce sentiment et sait en exprimer des nuances exquises que la parole seule ne saurait jamais rendre. »[2]

  1. Savant musicien, auteur du Dictionnaire de Plain-Chant et de musique d’église au Moyen-Age et dans les temps modernes. Cf : tome 29 de l’Encyclopédie théologique de Migne.
  2. Cf : Ernest Gagnon : Le Fort et le Château Saint-Louis, page 272.