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NOËLS ANCIENS

Or qu’advint-il, hélas ? — Un beau matin, ou plutôt un triste matin, un de mes intimes amis, M. Alexandre Bélinge, tenu au courant de mes présentes études, m’apporta un petit recueil illustré de chansons populaires allemandes où se trouvait publié le fameux air bachique attribué chez nous à Mozart, et qui appartient à un autre, comme vous-mêmes, lecteurs, allez vous en convaincre de visu, car je le reproduis in extenso, paroles et musique, me gardant bien d’en retrancher la gravure qui l’enlumine et qui est des plus suggestives pour les disciples de Bacchus.

Voici la traduction de la chanson populaire allemande ; j’en suis redevable à M. Alexandre Bélinge, linguiste distingué, qui met son beau talent à la disposition de ses nombreux amis.

JOUISSEZ DE LA VIE !
REFRAIN


Jouissez de la vie pendant que la lampe brûle encore, cueillez la rose avant qu’elle se fane.


L’homme se forge à plaisir bien des soucis, se cause volontiers bien des fatigues ; il cherche les épines et il en trouve ; mais il ne remarque pas la violette qui fleurit pour lui sur le bord du chemin.

Quand la Nature effrayée se voile et que le tonnerre gronde au-dessus de nos têtes, le soir, après l’orage, le soleil nous rit deux fois plus beau.

Celui qui fuit l’envie et la haine, qui cultive dans son jardinet le contentement, le verra bientôt devenir arbre et porter des fruits d’or.

Chez celui qui aime la loyauté et la franchise, et qui donne de bon cœur à ses frères pauvres, le Bonheur entrera volontiers pour y établir sa demeure.

Quand le chemin de la vie se rétrécit affreusement, quand le malheur nous tourmente et nous oppresse, l’Amitié vient, comme une sœur, tendre la main à l’honnête homme.

Elle sèche ses larmes, sème des fleurs sur sa route jusqu’à la tombe, change la nuit en aurore et l’aurore en jour.