Aller au contenu

Page:Myrand - Noëls anciens de la Nouvelle-France, 1899.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
175
NOËLS ANCIENS

un inestimable héritage, un legs sacré, de mémoires en mémoires et de générations en générations.

Telle est, à mon sens, la valeur historique des Noëls anciens de la Nouvelle-France et je regrette de n’en pouvoir donner toute la mesure. Ils sont pour moi des livres saints, ces vieux recueils de Surin, de Pellegrin, de Garnier, si religieusement conservés au monastère de l’Hôtel-Dieu de Québec. Car, de même qu’il fallut copier les classiques au Séminaire de Québec, de 1760 à 1790, de même l’on copiait, à l’hôpital, et à la même époque, dans ces recueils deux fois centenaires, les noëls qui se chantaient dans les églises de nos paroisses aux anniversaires bénis de la naissance du Sauveur.

En 1789, la convocation des États Généraux à Paris fut, au Canada, le signal d’une levée de boucliers. La jeunesse surtout inclinait vers les idées nouvelles et les débats de la Convention, rapportés par la Gazette de Québec, l’unique journal que possédait alors la petite colonie canadienne-française, animaient cette population habituée depuis si longtemps à souffrir en silence. L’Angleterre, émue des conséquences graves que pouvaient entraîner pour elle-même et ses possessions les redoutables événements politiques qui se précipitaient en France, fit alors une concession importante qui lui assura la conquête du Canada. Bien qu’elle ne fut dictée à la Métropole que par égoïsme, j’incline cependant à lui en garder quelque reconnaissance.

Depuis trente ans elle avait toujours refusé, soit à l’évêque de Québec, soit aux citoyens, de laisser recruter des prêtres parmi le clergé français. L’un de ses gouverneurs, Haldimaud, ne craignit même pas de chasser du pays quelques pauvres sulpiciens, comme Ciquard et La Valinière, soupçonnés d’avoir bien parlé de la France à leurs ouailles. Concevez leur châtiment s’ils eussent été convaincus de ce crime ! Mais voici qu’en 1790, lord Dorchester demande spontanément à Monseigneur Hubert, sans que l’évêque eût fait aucune démarche, si le diocèse avait encore besoin du secours des prêtres euro-