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NOËLS ANCIENS

époque. Mais sa célébrité comme compositeur ne tarda pas à surpasser celle qu’il s’était acquise comme virtuose. Telles de ses mélodies devinrent célèbres et furent classées plus tard parmi les Airs populaires de France qui sont censés n’avoir jamais eu d’auteur, quoiqu’il en fallut bien un pour les écrire. C’est la raison déterminante que j’offre aux archivistes-musiciens pour les induire à commencer leurs recherches dans le répertoire de Cassanea[1].

En attendant que ces messieurs découvrent la pièce à conviction, je maintiens que Votre divin Maître appartient aux Noëls anciens de la Nouvelle-France. Strictement, je n’ai pas, à l’appui de mon assertion, une preuve directe et positive, mais enfin pourquoi refuser à cette pastorale le bénéfice de la certitude comme on accorde à des œuvres d’art le bénéfice du doute, le mystère de leur origine ajoutant au charme de leurs beautés archaïques ?

Un autre cantique très populaire chez nous — j’entends la province de Québec — est le noël languedocien : Les anges dans nos campagnes, qu’à mon grand étonnement je n’ai pas retrouvé dans les cinq vieux recueils consultés aux archives de l’Hôtel-Dieu de Québec. Migne nous le signale comme fort ancien. « Nous nous sommes empressés, dit-il, à la préface de son Dictionnaire de Noëls et de Cantiques, nous nous sommes empressés d’introduire dans notre dictionnaire des sortes de romances ou complaintes dont les airs et les paroles ont longtemps joui d’une très grande popularité, telle que

  1. Son meilleur ouvrage est une pastorale en patois languedocien : Daphnis et Alcidamure, jouée à Paris, en 1754. Les critiques de l’époque ne se génèrent pas pour crier sur tous les toits que le travail du compositeur s’était borné à arranger en opéra de vieux airs populaires du midi, ceux-là même que Fléchier avait entendus bien souvent alors qu’il professait la rhétorique à Narbonne. Qui sait ? on trouverait peut-être, en cherchant dans les motifs de Daphnis et Alcidamure, la mélodie tant aimée sur laquelle le futur évêque de Nîmes écrivit son délicieux noël : Dans cette étable.