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NOËLS ANCIENS

celle qui débute ainsi : Entends ma voix fidèle, — Pasteur, suis-moi ; celle qui commence par ce vers : Allons tous à la crèche ; la complainte du Mauvais Riche : Venez ouïr avec crainte ; les vieux noëls Chantons avec réjouissance, J’entends, là-bas, dans la plaine[1], Je suis le maître de la grange, » etc.

Il se chantait donc en France au dix-septième siècle, ou, plus tard, dès le commencement du dix-huitième, puisque, d’après Migne, il est le contemporain du noël de de Pellegrin : Entends ma voix fidèle, publié en 1701. Mais ici, au Canada, sous le régime français ? Rien ne me permet d’en affirmer le fait ; et je ne puis que le supposer. Des vieillards que j’ai consultés à ce propos m’assurent que de leur temps, c’est-à-dire dans leur jeunesse, ce qui nous reporterait à l’année 1840, ce noël était tout nouveau pour eux, et qu’il était absolument inconnu de leur enfance.

En 1842, l’abbé Louis Lambillotte publia chez Poussielgue-Rusand, libraires, Paris, rue Hautefeuille, No 9, un Choix de cantiques sur des airs nouveaux pour toutes les fêtes de l’année. Ce recueil, spécialement dédié aux maisons d’éducation, renfermait (pages 8 et 9, cantique No 3) le noël languedocien que nous cherchons : Les anges dans nos campagnes. Des exemplaires de cet ouvrage furent apportés à Québec l’année même de sa publication en France et se vendaient, sur la rue La Fabrique, à la librairie Crémazie. On pourrait donc vraisemblablement fixer à 1842 l’apparition ou le retour au Canada du vieux cantique que nos ancêtres connurent peut-être mais qu’ils ne chantaient certainement pas sur l’air modernisé de Lambillotte.

  1. Le vers initial et le premier couplet du noël languedocien, Échos de Bethléem, varient, suivant qu’ils appartiennent à la version ancienne ou à la version moderne de ce cantique.

    xxxxxxxxVERSION ANCIENNE.
    J’entends, là-bas, dans la plaine,
    Les anges, descendus des cieux,
    Chanter à perte d’haleine
    Ce cantique mélodieux :
    Ce canGloria in excelsis Deo.
    xxxxxxxxVERSION MODERNE.
    Les anges dans nos campagnes
    Ont entonné l’hymne des cieux,
    Et l’écho de nos montagnes
    Redit ce chant mélodieux :
    Ce canGloria in excelsis Deo.