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Page:Myrand - Noëls anciens de la Nouvelle-France, 1899.djvu/44

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NOELS ANCIENS

comparées de Perrault et de Choron, non plus que l’analyse et la critique de l’œuvre du prêtre-musicien,[1]J’ai voulu seulement, en consacrant une page de ce livre à la biographie du sulpicien Perrault, honorer d’un souvenir reconnaissant la mémoire d’un artiste dont le talent, aussi distingué que modeste, donna aux Noëls anciens de la Nouvelle-France un regain étonnant de vogue et de popularité. Je m’explique l’enthousiasme patriotique des Montréalais à la première audition de cette messe à Notre-Dame, et leurs instances réitérées auprès des Messieurs de Saint-Sulpice qui hésitaient à la publier. Le Collège de Montréal se rendit enfin aux légitimes désirs du public. Il y consentit d’autant plus volontiers qu’en cédant à cette douce violence il ne faisait que donner suite à la pieuse intention de l’auteur en composant cet ouvrage. Perrault avait depuis longtemps observé la ferveur et la solennité avec lesquelles, au Canada français et catholique, les familles chrétiennes célèbrent la grande fête de Noël. Il savait qu’alors, dans la province de Québec, chaque foyer domestique se transforme en chapelle familiale, en pieux oratoire où, dans une belle verdure de sapins parfumant toute la demeure, trônait, dans la lumière irradiée des cierges, une Étable de Bethléem devant laquelle les enfants, réunis sous le regard ému des grands parents, chantaient les vieux cantiques des ancêtres. Qui ne se souvient avec attendrissement d’avoir appris ces douces mélodies sur les genoux de sa mère ? Nos pères les tenaient de leurs aïeux qui, eux-mêmes, les avaient apportées de France — notre inoubliable mère patrie — pour les transmettre à leur tour, les léguer à leurs descendants, dans toutes leurs beautés intégrales, comme leur meilleur part d’héritage, après celui de la religion et de la langue.

  1. Cette analyse et cette critique se lisent aux pages VI, VII, VIII, IX et X de la Notice sur Messire J.- J. Perrault et sur son ouvrage, publiée en tête de la Messe de Noël — Deo Infanti — et Magnificat de feu Messire J.- J. Perrault, Ptre S. S. — publiés par Messire L.- A. Barbarin, Ptre S, S. et M. A, Gosselin — Montréal, 1870.