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NOËLS ANCIENS

Jean de Brébeuf composa le premier noël huron, et De la Colombière le premier noël canadien-français. Cette coïncidence d’initiative dans la poursuite d’un travail identique ne serait-elle pas, pour ma mémoire, le point de contact qui les fait se confondre dans un même souvenir ?

Joseph Séré de La Colombière, prêtre du Séminaire de Saint-Sulpice de Paris, naquit à Vienne, en Dauphiné, en 1651. Il vint au Canada l’année même de la mort de son frère aîné, le célèbre jésuite Claude de La Colombière, (déclaré depuis Vénérable) confesseur de la Bienheureuse Marguerite-Marie, décédé à Paray-le-Monial, le 15 février 1682. Il débarqua à Québec le 21 juillet et se rendit, quelque temps après, à Montréal où il vécut jusqu’en 1691.

Au mois d’octobre 1690, il descendit, en qualité d’aumônier, avec les troupes de Montréal accourues au secours de Québec assiégée par sir William Phips. « M. de La Colombière, raconte Juchereau de Saint-Ignace, avait arboré sur son canot un étendard où était peint le saint nom de Marie, afin d’animer ces guerriers par la confiance en la très sainte Vierge. »

Ce fut lui qui prononça, à Notre-Dame de Québec, le 5 novembre 1690, jour d’actions de grâces fixé par Frontenac, le fameux sermon pour la Fête de la Victoire[1], sermon qu’il répéta le 25 octobre 1711, aux grands applaudissements de l’auditoire, dans cette même cathédrale de Québec, à l’occasion du désastre de la flotte de sir Hovenden Walker, perdue sur les récifs de l’Ile-aux-Oeufs. Par une rencontre singulière, cette allocution remarquable appartient également à deux événements historiques, parfaitement distincts, qui la réclament à ce point qu’il serait impossible de la publier pour l’un sans la reproduire intégralement pour l’autre.

  1. En 1898, chez Cadieux & Deronie, Montréal, j’ai publié ce sermon historique, avec commentaires et pièces justificatives. C’est un volume in-12, de 304 pages, ayant pour titre : M. de la Colombière, Orateur.