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NOËLS ANCIENS


O Vierge ! ô Vierge ! Mère du Sauveur,
Vous avez pour ce fils un amour admirable !
Échauffez-le dans cette étable
Par le beau feu de votre cœur.
Votre air répand de saintes flammes
Qu’on sent en vous voyant ; et l’ardeur de vos yeux,
Plus brillants que ne sont les cieux,
Vont embraser toutes les âmes,[1]

Sans cesse, sans cesse, Joseph, votre époux,
Regarde cet Enfant d’un œil de complaisance
Il est ravi qu’à sa naissance
Ses beaux yeux soient tournés sur vous ;
Il voudrait bien agir en père,
L’avoir entre ses bras, mais, malgré sa ferveur,
Il ne veut de cette faveur
Qu’autant que le voudra sa mère !

Sans crainte, sans crainte, vigilants pasteurs,
Contemplez à loisir ce paradis champêtre ;
Un Dieu s’est fait pasteur pour paître
Les âmes de tous les pécheurs.
Tous vos moutons sont sous sa garde ;
Les loups les plus affreux
Deviendront des agneaux comme eux
Si l’Enfant Jésus les regarde !


Que vous semble, lecteur, ce premier noël canadien-français ? Ne croyez-vous pas, en l’étudiant, lire un cantique du Grand Pauvre d’Assise ? Sa candeur parfume l’âme comme un encens, l’élève à Dieu comme une prière. L’idée-mère de la strophe finale est particulièrement heureuse :


Un Dieu s’est fait pasteur pour paître
Les âmes de tous les pécheurs.
Tous vos moutons sont sous sa garde ;
Les loups les plus affreux
Deviendront des agneaux comme eux
Si l’Enfant Jésus les regarde !


  1. La dévotion de M. de La Colombière envers la très sainte Vierge faisait l’admiration de tout le pays. On disait agréablement des deux frères La Colombière : “ Claude est l’apôtre du Sacré-Cœur de Jésus et Joseph est l’apôtre du Sacré-Cœur de Marie. "