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NOËLS ANCIENS

tel, son œuvre est modeste et son bagage léger : quelques chansons satiriques, plusieurs cantiques, tous composés en l’honneur de la très sainte Vierge et de saint Joseph, plus un noël, un très beau noël, le seul qu’il ait écrit et le seul qu’il convienne ici d’étudier.

Nos critiques se partagent sur la question de savoir quel est l’auteur du noël huron ; les uns tiennent pour Brébeuf, les autres, pour Ragueneau. Ici, au contraire, la certitude est absolue. L’archiviste du monastère, la révérende Mère Saint-André, identifie positivement l’écriture de Messire de La Colombière, et le cantique que nous avons de lui est bien l’aîné des noëls canadiens-français de la Nouvelle-France.


CANTIQUE
SUR LA NAISSANCE DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST.


Victoire ! Victoire ! Chantons, chrétiens !
Voici l’heureux moment que Jésus vient de naître,
Adorons tous le nouveau Maître
Qui vient briser tous nos liens.
Satan, confus, s’enfuit sous terre
Chassé par un Enfant ; et, quoique l’univers
Fut chargé du poids de ses fers,
Il est vaincu par ce mystère.

Silence ! Silence ! Parmi les mortels
Le ciel veut le premier annoncer ses louanges ;
Écoutez-vous ces troupes d’anges
Entonnant de charmants noëls ?
Tout retentit de l’harmonie
De leurs chants merveilleux, et leurs célestes voix,
Qu’on entend toutes à la fois,
Sont l’écho du Cœur de Marie.

Tout charme, tout charme dans ce Roi naissant ;
Sa douceur, ses regards et ses divines larmes ;
Venez, pécheurs, rendre les armes.
C’est ici votre Conquérant.
Dans son maillot, Jésus nous prêche,
Et, pour nous attendrir, il pousse des sanglots
Au milieu de deux animaux
Que nous voyons près de sa crèche.