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NOËLS ANCIENS

plus émus, ceux-là qui n’ont pas d’autre objet que de chanter dignement la naissance du Rédempteur. L’habitude de chanter des noëls remonte à un passé très ancien. Déjà, au quatorzième siècle, on en faisait des recueils. Ils ne se distinguaient des autres chansons religieuses que par leur pieuse et touchante naïveté, au point de pouvoir passer pour de véritables cantiques. Le seizième siècle fut le plus riche en noëls français et patois ; c’est à lui que se rattachent les noëls que nous allons étudier.

Mais il est quelque chose de plus vieux, de plus centenaire, de plus immémorial encore que les noëls anciens du seizième siècle : leur musique !

Et, à ce propos, lisons ensemble une page délicieuse de M. Benjamin Sulte, écrite à la date du 25 décembre 1891. C’est, indéniablement, la meilleure de ses Causeries littéraires, parues au Monde Illustré, de Montréal, qui le compte avec orgueil pour le plus remarquable et le plus assidu de ses collaborateurs.

« À mesure que les années m’éloignent du temps de mon enfance je ressens une impression plus vive chaque fois que les vieux airs de Noël sont ramenés à mon oreille. La musique en est toute simple, les paroles des vers souvent naïves au possible, mais le naturel qui y règne rend poétiques ces morceaux mal dégrossis.

« Avoir entendu cela étant jeune et le retrouver longtemps après, rien de plus étrangement fascinateur.

« Je ne me ferai pas comprendre peut-être de ceux qui ont atteint la cinquantaine et qui, depuis quarante-trois ans, écoutent ces airs-là tous les douze mois. Nous n’avons pas tous eu l’avantage de demeurer chez nous toute notre vie. Pourquoi donc écrirais-je si je ne disais pas mes impressions ? Des milliers de lecteurs voient ces lignes avec plaisir et se disent : « il pense comme nous. »

« Mais sans doute je pense comme vous, parce que je