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LE BOUDDHISME.

tions : les Soûtras ou discours, le Vinaya ou la discipline, l’Abhidharma ou la métaphysique. On retrouve en effet des traces de cette même division dans les livres sanscrits du Népal, découverts il y a vingt-cinq ans par M.  Hodgson, et dans les livres pâlis de Ceylan, traduits et commentés en singhalais, et, quand on y regarde de près, on aperçoit que les différences entre les livres de ces deux catégories sont plutôt dans la classification et dans l’exposition que dans le fond même.

Le Népal a conservé dans ses cloîtres les originaux sanscrits, rédigés au nord de l’Inde, des livres canoniques que les Chinois, les Tibétains[1], les Mongols[2], les Mandchous et les Kalmoucks ont traduits avec une exactitude poussée à l’excès dans leurs langues nationales : on peut dire de ces livres qu’ils ont servi de fondement à la profession du bouddhisme, toutes les fois que de grandes populations de race septentrionale se sont converties à sa Loi. Il n’y a rien d’invraisemblable dans la tradition des Népalais qui suppose que leurs livres ont été composés dans leur ordre actuel, au Kâchemire, sous le roi Kanischka[3], dans un concile où les religieux instruits étaient en majorité : quand même plusieurs livres auraient été écrits antérieurement en Magadha, rien n’empêche de croire qu’on ait fait en cette circonstance une rédaction générale des écritures en sanscrit[4] et que les textes aient pu être retouchés plus tard encore, quand la persécution chassa de l’Inde des migrations considérables de bouddhistes.

Quant aux livres pâlis qui nous sont le mieux connus par le recueil qu’en ont fait les Singhalais, ils ont été écrits dans l’Inde, et même selon toute apparence, ils ont été rédigés d’ancienne date en cette langue, en faveur de certaines classes de la société, en même temps que les mêmes ouvrages étaient rédigés en sanscrit pour des classes plus élevées. En raison des passages saillants, qui, dans plusieurs Soûtras sont à peu près identiques en sanscrit et en pâli[5], on a conjecturé sans témérité aucune l’existence d’une double rédaction authentique des Soûtras, l’une, pâlie, exécutée par exemple dans le

  1. Si des versions chinoises furent faites dès le commencement de l’ère chrétienne, les versions tibétaines ne furent exécutées qu’entre le viie siècle et le xie.
  2. On ne peut reporter au-delà du xiie siècle les versions des Mongols qui eurent les premiers par les Tartares une littérature bouddhique.
  3. Le Kanerkès des médailles indo-scythiques qui régna jusqu’à l’an 40 après Jésus-Christ. Voy. le Mémoire historique et géographique sur l’Inde, par M.  Reinaud, pp. 77-78 (Paris, 1849).
  4. Burnouf, Introduction, pp. 27-28. Weber, Leçons, pp. 256-59.
  5. Voir les exemples qu’en donne M.  Burnouf dans un mémoire spécial (Lotus, Appendice, pp. 860, 862, 866).