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D’UNE PARISIENNE

— Comme vous devez souffrir de votre impuissance à apaiser toutes ces détresses !

— Certes, et d’autant plus que, en général, les femmes qui viennent ici sont intéressantes. Ainsi, tandis qu’à notre fourneau économique, où nous distribuons tous les jours des soupes, nous voyons venir des hommes ayant appartenu à la classe bourgeoise, qui, écroulés dans la misère, s’y enlizent et demeurent sans énergie, nous constatons que les femmes frappées par la ruine se montrent plus dignes, plus laborieuses, elles se relèvent, se placent domestiques, femmes de chambre, cuisinières, nourrices même, oui, les pauvres !

« Je me souviens d’une de ces malheureuses à qui je proposais une place de bonne à tout faire et qui, les larmes aux yeux, me répondait : « Mais je ne saurai jamais, j’ai toujours eu des domestiques. »

« Elle accepta pourtant, et voilà deux ans qu’elle cuisine et lave la vaisselle dans la même maison.

Avant de quitter l’asile de la rue Saint-