Page:Néron - Notes et impressions d'une parisienne, 1914.pdf/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
192
NOTES ET IMPRESSIONS

Jacques, je visite les dortoirs très vastes, d’une propreté extrême. Les poêles sont allumés et dégagent une chaleur douce dans les grandes salles de repos, où les couchettes avec leurs draps bien blancs et leurs couvertures de laine doivent sembler si bonnes aux membres ankylosés de fatigue. Des berceaux d’enfants sont alignés au milieu du dortoir, et une larme tremblote à ma paupière en voyant ces petits lits qui me font songer aux chers bébés si choyés que nous dorlotons dans la soie et la dentelle, cependant que d’autres bébés, beaux, mignons comme eux, souffrent du froid et de la faim.

Nous voici maintenant dans la cuisine, une longe pièce bien éclairée, où les bassines de cuivre ventrues mettent la gaieté de leurs panses reluisantes ; à côté, le réfectoire, où deux fois par jour on sert les portions de soupe.

Là, est la buanderie ; ici, la salle de douches, puis l’étuve où on désinfecte les vêtements.

L’asile de la rue Saint-Jacques accueille aussi les pauvres filles enceintes, trois mois avant qu’elles mettent leurs enfants au monde,