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Page:NRF 11.djvu/489

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LES CAVES DU VATICAN 483

— Le petit vieux, que je sens là, croit que je dors, pensait-il. Si j*entr'ouvrais les yeux, je le verrais qui me regarde. Protos prétendait qu'il est particulièrement diffi- cile de feindre de dormir tout en prêtant attention ; il se faisait fort de reconnaître le faux sommeil à ce léger petit tremblement des paupières... que je réprime en ce moment. Protos lui-même y serait pris...

Le soleil cependant s'était couché ; déjà s'atténuaient les reflets derniers de sa gloire, que Fleurissoire ému cou- templait. Tout à coup, au plafond voûté du wagon, l'électricité jaillit dans le lustre ; éclairage trop brutal, auprès de ce crépuscule attendri ; et, par crainte aussi •qu'il ne troublât le sommeil de son voisin, Fleurissoire tourna le commutateur : ce qui n'amena point l'obscurité complète, mais dériva le courant du lustre central au profit d'une lampe veilleuse azurée. Au gré de Fleurissoire cette ampoule bleue versait trop de lumière encore ; il donna un tour de plus à la clavette ; la veilleuse s'éteignit, mais s'allumèrent aussitôt deux appliques pariétales, plus désobligeantes que le lustre du milieu ; un tour encore, €t la veilleuse de nouveau : il s'y tint.

— A-t-il bientôt fini de jouer avec la lumière r pensait Lafcadio impatienté. Que fait-il à présent ? (Non ! je ne lèverai pas les paupières.) Il est debout... Serait-il attiré par ma valise ? Bravo ! Il constate qu'elle est ouverte. Pour -en perdre la clef aussitôt, c'était bien adroit d'y avoir fait mettre, à Milan, une serrure compliquée qu'on a dû crocheter à Bologne ! Un cadenas du moins se remplace... Dieu me damne : il enlève sa veste ? Ah ! tout de même regardons.

Sans attention pour la valise de Lafcadio, Fleurissoire,

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