Page:NRF 11.djvu/985

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

JOURNAL DE VOYAGE (cANADa) 979

Au bout d'une semaine, le poisson étant décidément trop rare, nous changeons de camp par un jour de pluie. Notre nouvelle installation est au fond d'un autre bras du fjord. Les arbres sont moins touffus que dans l'endroit précédent, mais c'est tout aussi beau. Les moustiques malheureusement sont toujours insupportables, et le pois- son difficile à capturer. Un jour, nous apercevons un phoque près de la pirogue ; il a dû se perdre en entrant dans le bras de mer. C'est lui qui aura mangé ou effrayé tous les saumons.

Il pleut. Les hommes ne vont plus à la chasse. Ils ont fait du feu dans une vieille hutte de trappeur, dans laquelle il n'y a pas d'orifice pour la fumée. On s'assied sur la terre battue autour du feu pour avoir chaud. Donahoo et sa femme préparent des peaux de martres, les grattant et les tirant sur des cadres de bois. Donahoo, peu causant d'habitude, raconte des histoires de sa vie, si intéressantes qu'on croirait lire le plus beau roman d'aventures. J'ap- prends plus tard qu'il est le héros d'un livre de S. E. Whyte, très populaire en Amérique : The Bla%ed Trail.

Un jour, péchant avec des Indiens, longeant la rive de très près, nous entendons un bruit de branches cassées et distinguons entre les arbres un élan immense. Nous retournons au camp chercher des fusils, descendons de pirogue, l'élan est encore là. Malheureusement nous fai- sons du bruit en marchant dans la brousse ; il nous entend et se dérobe.

Le lendemain, dans la forêt avec Mr. Donahoo et les Indiens, nous trouvons le crâne d'un élan en parfait état ; le bois a trois mètres d'envergure ; les cornes sont enfon- cées dans la terre comme s'il y avait eu lutte.

�� �