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33^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

qu'il y a aussi Keir Hardie et Mrs. Pankhurst, mais sans doute cela fait " partie du mouvement ". Curieux mouvement : la politique en retard de cinquante ans sur la littérature, le scientisme et le socialisme bourgeois qui s'attardent auprès du néo-christianisme et du syndicalisme révolutionnaire marchant la main dans la main ; les vieilles idées habillées de neuf, les vieilles doctrines fraîchement repeintes. Drôle de mouvement. Enfin il faut se persuader qu'on avance, malgré tout. Et on produit. Ou du moins on travaille, ce qui n'est pas forcément produire. On fait ce qu'on peut. On traduit beaucoup : tout Strindberg, théâtre, roman, autobiographie ; une invasion suédoise du domaine intellectuel anglais. On traduit Nietzsche et Théophile Gautier (belle édition de bibliothèque) et Dos- toiewsky dans une édition monumentale digne de lui et de l'Angleterre. Et le Lys rouge d'Anatole France, à un shilling.

Peu de livres anglais. Et même parmi ceux-ci, la plupart, (par exemple dans les séries à bon marché qui s'appellent Modem Biographies et Philosopkies, ancient and modem) sont consacrés à des étrangers. Un Tolstoï, un Verlaine, un Lafcadio Hearn, un Paul Bourget (par l'abbé Ernest Dimnet, ce remarquable interprète de la littérature française en Angleterre, qui parle de Claudel et de Jammes aux lecteurs de la Fortnightly Reviezv) un Bergson, un Swedenborg, un Auguste Comte, etc. La littérature anglaise est surtout représentée, à la Bomb-shopy par Bernard Shaw, Chesterton, Conrad, Wells, Bennett et quelques nouveaux poètes de la Poetry bookshop. Voici une nouv- velle édition à bon marché de Erezvhon de Samuel Butler, et le dernier roman de Bernard Shaw An unsocial socialisty enfin, sous un uniforme simple et sobre de toile bleu foncé, les " petits manuels philosophiques" d'Arnold Bennett, parmi lesquels nous distinguerons celui qui concerne particulièrement la littérature.

Villiers de l'Isle-Adam, écrivant au milieu des ténèbres du Naturalisme, dédiait un de ses livres : "Aux chers indifférents." Nous voilà sortis des ténèbres, ou du moins nous croyons en

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