NOTES 153
et on reconnaîtra,. en particulier, j'en suis sûr, dans l'évolu- tion d'un André Gide, un des plus curieux et des plus savants efforts qui aient jamais été tentés par un écrivain pour discipliner sa sensibilité et lui faire produire, sous l'action de l'intelligence, des fruits dont elle ne semblait pas d'abord capable. jacques rivière
EXPOSITION BRAQUE (Galerie Léonce Rosenberg).
Aucune œuvre mieux que celle de M. Braque ne permet de comprendre à la fois l'importance et rinsuJB&sance de ce que le cubisme nous apporte. Elle constitue, avec celle de Picasso, une sorte de « rappel à l'ordre » et tout peintre, en l'analysant, doit sentir, s'il est sincère, qu'il lui faut, pour trouver son salut, tenir compte, tout au moins dans une certaine mesure, des recherches dont elle témoigne et dont elle est le résultat.
L'atmosphère de la galerie L. Rosenberg n'est pas encore celle d'une crèche où s'ébattent des naissances ; elle est mo- rose et pesante comme celle d'un hypogée. On assiste réelle- ment à la mort de quelque chose, et on participe aussi à ce gr and recueillement qui précède les éclosions. Les promesses spirituelles y sont certes moins affirmées que les renonce- ments : « Je ne sais pas encore ce qu'il faut faire, dit souvent l'un des principaux cubistes, mais je commence à savoir ce qu'il ne faut pas faire. » Le cubisme est, comme toutes les formules de transition, autant destructif que constructif.
Qu'est-ce que les cubistes, et en particulier M. Braque, ont détruit, et dans quelle mesure ce qu'ils ont supprimé était-il haïssable? L'amateur, qui a dans l'œil les gammes colorées i mpressionnistes et pcst-impressionnistes,"ainsi que la facture lâchée et chanceuse si fort en honneur de nos jours, ne man- quera pas d'être révolté, offusqué par les toiles du peintre austère qu'est M. Braque. Ici, plus de ces subtils rapproche-
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