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Page:NRF 13.djvu/183

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NOTE SUR M. DESCARTES I75

blessure qu'on se fait à soi-même est la seule savante et la seule infaillible. Et qu'elle fait mal. Et que ça fait mal, d'avoir mal. Se vaincre soi-même, disent les manuels. Se vaincre soi-même ils savent que c'est la seule manière infaillible d'être vaincu. La seule savante. La seule parfaite. La seule hermétiquement jointe, sans une cassure, sans un raccord, sans une échappatoire. La seule vraiment affreuse et pour tout dire la seule authentique.

Celui qui est chrétien notamment a pris au sérieux tout ce qu'il y avait dans le catéchisme. Quand il était petit. Cela l'a mené loin. Il ne s'est point servi des règles du catéchisme pour vitupérer les autres. Et pour faire l'examen de conscience des autres. Il s'en est servi pour se faire beaucoup de mal. Et pour tenir constamment son propre examen de conscience. Tout ce qu'il peut faire c'est peut-être de ne point le regretter.

Se vaincre soi-même, la seule défaite qui soit exacte et la seule aussi qui soit totale. La seule manière irrévo- cable d'être vaincu. Quand on est vaincu par les autres ils peuvent se tromper (ils sont hommes). Ils ne savent pas bien où faire mal. Quand on se vainc soi-même, on sait où se faire mal avec une affreuse exactitude.

Se vaincre soi-même : être vaincu inexpiablement; la pire défaite ; la seule défaite et qui compte ; la seule aussi dont on ne se relève jamais.

Nos deux hommes sont mélancohques. Comment ne le seraient-ils pas. Ai- je dit qu'ils avaient passé la quaran- taine. L'un d'un an et de quelques mois, l'autre de quelques emnées. Qu'importe. Quand on est sur la pente

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