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RÉFLEXIONS SUR LA LITTÉRATURE 29I

dans l'œuvre complète de Stendhal est considérable.

Mais enfin, il faut plutôt s'arrêter sur ce que M. Delacroix nous donne dans son livre que sur ce que, pour des raisons dont il est seul juge, il ne nous donne pas. C'est restreindre à l'excès l'activité et l'œuvre de Stendhal que de nous dire que « Stendhal s'est appliqué par-dessus tout à décrire et à analyser l'amour et la musique. » Il s'est appliqué à décrire et à analyser la vie sur presque tous ses registres et dans presque toute son extension. M. Delacroix en a retenu ses idées sur l'amour qui font l'objet de son second chapitre, et ses idées sur l'art, qui font l'objet du troisième et dernier. Il les expose avec lucidité, et les apprécie, dans une conclu- sion intéressante, justement.

M. Delacroix a choisi pour exposer la « théorie » de Sten- dhal une méthode analytique qui fausserait son sujet s'il s'agissait par exemple de Rousseau, mais qui ici, ayant pour effet de ramener l'exposé de Stendhal à celui de ses maîtres ou demi-maîtres, les Idéologues, s'accepte parfaitement. Il me semble qu'au risque de paraître moins transparent et moins complet, on pourrait aussi bien suivre la méthode inverse, projeter le livre analytique et explicatif de V Amour dans l'ordre synthétique, esthétique et vivant où se plaçait Stendhal lorsqu'il écrivait le Rouge et la Chartreuse.

Lui-même nous y invite. L'amour, comme M. Delacroix le montre fort bien, est lié chez Stendhal à la musique, il est chargé de musique comme la musique est chargée d'amour. « Pour comprendre les amours de Stendhal il faut se rappeler la musique. En amour une sensibilité d'artiste, une sensi- bilité de musicien; en art, la sensibilité d'un amoureux; de la réserve amoureuse et musicale ; ni tout à fait un musicien, ni tout à fait un amoureux ; voilà Beyle amoureux et musi- cien. » Ce qui fait le charme du livre de l'Amour, c'est beau- coup cette* présence, cet affleurement de la musique, et, au bout des petites phrases sèches et décisives à la Montesquieu,

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