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NOTES 307

une contribution bienvenue. On appréciera dans ses por- traits la bonhomie, la modération et la justesse. La fondation du Décadent et la figure de cet étrange Baju lui fournissent de bonnes pages. Les quelques lignes où il caractérise Baju qui imprima ses premiers vers, sont d'un tact qui est rare dans les souvenirs de ce genre, souvent bourrés de méchan- cetés grimaçantes. Le bon ton que garde ici M. Raynaud ne rend pas son livre moins savoureux, et sauvegarde la décence du monde littéraire. (Heureusement pour cette décence et pour cet honneur des lettres, il est inexact que Théophile Gautier ait jamais, comme le dit M. Raynaud, traité Racine de polisson. L'auteur de cette obscénité est un nommé Granier de Cassagnac qui n'a aucun rapport avec la litté- rature.) M. Raynaud excuse comme il peut les « mœurs de Caraïbes » et les outrances de langage que l'on a reprochées aux symbolistes. Il estime que les romantiques et les natu- ralistes leur ont donné l'exemple. Je ne veux pas entrer dans cette discussion : la mêlée symboliste est une mêlée au-dessus de laquelle nous n'avons aujourd'hui aucune peine à nous tenir. Mais il y eut là, je crois, plus que le duel ordinaire de deux générations dans une corporation de mœurs irritables et difficiles. Il y eut le principe d'une véritable scission qui fut aiguë pendant une dizaine d'années et qui dure encore jusqu'à un certain point. Cette rupture entre deux générations, cette difficulté pour l'une de se mettre

  • à la page » de l'autre, cette division de la littérature en

exotérique et ésotérique sont des traits particuUers à ces cinquante dernières années, et qui ne se retrouvaient à ce point ni dans le romantisme ni dans le Parnasse. La litté- rature devenant plus ésotérique prenait naturellement la figure d'écoles fermées, défiantes, agressives. Ecoles et manifestes, ce pullulement scolastique est dès lors un trait particuher à l'époque symboliste. De sorte que, sous ce caractère apparent de « mêlée » dont M. Raynaud nous donne

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