482 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
chœur parfait des Muses, dont tournait, encerclant le vase on suppose, la guirlande ininterrompue...
La première condition, pour comprendre le mythe grec, c'est d'y croire. Et je ne veux point dire qu'il y faille une foi pareille à celle que réclame de notre cœur l'Eglise. L'assentiment à la religion grecque est de nature toute différente. Il est étrange qu'un grand poète tel que Hugo l'ait si peu compris; qu'il se soit plu comme tant d'autres à décontenancer de tout sens les figures divines pour ne plus admirer que le triomphe sur elles de certaines forces élémentaires et de Pan sur les Olympiens. Ce n'était pas malin, si j'ose dire, et son alexandrin en souffre moins que notre raison. « Comment a-t-on pu croire à cela ? » s'écrie Voltaire. Et pourtant chaque mythe, c'est à la raison d'abord et seulement qu'il s'adresse, et l'on n'a rien compris à ce mythe tant que ne l'admet pas d'abord la raison. La fable grecque est essentiellement raisonnable, et c'est pourquoi l'on peut, sans impiété chrétienne, dire qu'il est plus facile d'y croire qu'à la doctrine de Saint Paul, dont le propre est précisément de soumettre, sup- planter, « abêtir » et assermenter la raison. C'est par défaut d'intelligence que Penthée se refuse à admettre Bacchus ; tandis que c'est l'intelligence, au contraire, de Polyeucte qui s'interpose et obscurcit d'abord sa triomphante vision. Et je ne dis pas que l'intelligence ne trouve pas dans le dogme chrétien, en fin de compte, une satisfaction suprême, ni que le scepticisme soit de plus grand profit pour la raison que la foi ; mais cette foi chrétienne pourtant est faite du renoncement de l'intel- ligence; et si peut-être la raison ressort de ce renoncenîent magnifiée, c'est selon la promesse du Christ : Tout ce que
�� �