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Page:NRF 13.djvu/570

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562 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

PENSÉE. — Et moi, je puis faire qu'il perde le goût d'être où je ne suis pas.

ORIAN. — C'est vous qui pouvez venir où il est.

PENSÉE. — J'y viendrai s'il est le plus fort.

ORIAN. — Et comment fait-on pour être le plus fort avec vous ?

PENSÉE. — Il sera le plus fort, si je l'aime I

ORIAN. — Comment n'aimerait-on pas Orso ?

PENSÉE. — Si vous l'aimez, dites-moi de ne pas écouter ce qu'il vous a chargé de me dire.

ORIAN. — C'est vrai, il a voulu absolument que je vous parle.

PENSÉE. — Il fallait refuser, Orian.

ORIAN. — C'est ce que j'ai tâché de faire.

PENSÉE. — Est-ce qu'on épouse une Juive ?

ORIAN. — Vous n'êtes pas Juive.

PENSÉE. — Si vous l'aimez, dites-lui de ne pas épouser ime Juive !

ORIAN, — Vous êtes baptisée.

PENSÉE. — Il faut beaucoup d'eau pour baptiser un Juif.

On ne perd pas si facilement l'habitude de tant de siècles ! Tous les siècles depuis la création du monde, il me semble que je les porte avec moi !

L'habitude du malheur, l'intimité mauvaise avec sa propre déchéance.

Tant d'attente

Que nous n'avons pu arriver à changer d'attitude ! tant de foi dans la promesse qui n'était pas réalisée

Que nous n'avons pas pu y croire, du moment où l'on nous a dit qu'elle l'était.

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