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Page:NRF 13.djvu/918

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910 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

reconnus, sous le déguisement aimable de l'accent cauchois, le refrain de la villanelle de Philippe Desportes :

... Jamais girouette légère Au vent sitôt ne se vira, Nous verrons, volage bergère, Qui premier s'en repentira.

Heureux chef-d'œuvre qui traversa plusieurs siècles sans rien perdre de sa fraîche odeur. Ma jeune compagne ignorait les vers de Desportes. Elle était, comme moi, contemporaine de ces fâcheux recueils de morceaux choisis, où les productions de MM. Autran, Lacaussade, de Laprade et Emmanuel des Essarts tenaient une place excessive, et de ces professeurs de seconde qui nous fai- saient plus volontiers apprendre les sonnets de M. de Hérédia que ceux de Voiture ou de Tristan rHermite. C'était ce qu'ils appelaient sacrifier au modernisme.

Donc, tout en pédalant de compagnie, je racontai à mon amie comment la villanelle dont elle venait d'en- tendre le refrain dans la bouche des Heuses de gerbes, était celle-là même que le duc de Guise chantait à sa maîtresse, la nuit qu'il fut assassiné, au château de Blois» Et je la lui récitai tout entière. Et je n'ai pas oubHé la mélancolie qui voila son front de flirteuse intrépide lorsque j'en fus à la strophe si touchante :

Oii sont tant de promesses saintes, Tant de pleurs versés en partant, Est-il vrai que ces tristes plaintes Sortissent d'un cœur inconstant ?...

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