SAMUEL BUTLER 2^
par la seule force de sa pensée, retrouvé, ré-inventé la doctrine de Lamarck, s'en tient là, et renonce à la méditation d'un tel problème pour se consacrer entière- ment à un ouvrage d'un genre tout différent ? Dès ce moment (hiver 1873-74) il songeait confusément aune théorie nouvelle de la vie. A côté de cette puissance aveugle, la " Sélection Naturelle ", par laquelle le darwi- nisme prétendait tout expliquer, Butler avait, dès 1865, placé cet autre facteur de l'évolution : le sens du besoin, c'est-à-dire ce que Lamarck appelle " le sentiment intérieur", cela enfin qui, chez les êtres organisés, répond aux excitations du milieu, et permet les adaptations. Puis il était allé plus loin, et avait entrevu la possibilité d'assi- miler les phénomènes de l'hérédité — et d'abord la transmission des caractères acquis — aux phénomènes de la mémoire. Il retrouvait ainsi une des idées sous- jacentes du lamarckisme, et la théorie (qu'il semble n'avoir jamais connue) formulée au xviii® siècle par Maupertuis dans son Système de la nature ou Thèse d'Erlangen. ^ Mais pour un dialecticien comme Butler, ce n'était encore là qu'un à peu près. Il alla plus loin. Comment expliquer la présence d'une mémoire dans la cellule vivante ? En démontrant qu'elle est personnelle- ment identique avec toutes les cellules dont elle provient, dont elle est descendue au cours d'une infinité de siècles. Ainsi par la présence, ou l'absence, ou le bouleverse- ment de cette mémoire, toutes les difficultés de la doctrine
^ C'est le livre d'Edmond Perrier, Philosophie Zoologique avant Darivin, qui m'a fait connaître l'ouvrage de Maupertuis, rarement cité par les historiens du Transformisme. Pourtant on y trouve toute la théorie de la Pangénèse de Ch. Darwin exposée par avance.
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