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33^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

I . — PSYCHOLOGIE DU TRAVAIL INDIVIDUEL

Nous ne parviendrons pas à joindre nos pensées et à rassembler nos efforts, tant que le besoin de l'ordre dans la conscience n'aura pas été profondément inculqué à chacun de nous.

Nous nous fions à l'intuition, convaincus qu'elle suffit à tout. La réalité est un peu différente. Sans doute l'in- vention est une faculté rare. Encore ne se manifeste-t-elle pas miraculeusement. Les idées neuves ne surgissent jamais par hasard, mais seulement sur les terres prépa- rées par de fortes cultures. La semence dont elles sortent, c'est tout l'enseignement tiré de la vie et des livres. Les idées sont filles les unes des autres. L'œuvre féconde est tirée des choses. Elle fructifie par Tétude patiente du détail.

Notre pensée veut être initiée à la pensée universelle. Mais rétude ne suffit pas à ordonner la conscience. Longtemps poursuivie elle devient machinale, cesse d'enrichir l'intelligence, la comble seulement. Le labeur même est souvent indolence. Entraînés par le mouve- ment familier de la tâche, nous continuons sans doute à penser, mais la pensée ne nous anime plus. Elle de- vient inerte et passive. Pour que l'esprit se ressaisisse et nous remette en possession de nous-mêmes, il faut que nous l'arrachions à l'entraînement d'un rythme qui dé- truit la volonté. La vivacité de la conscience, affaiblie par la monotonie de la course, renaît à la cadence d'un effort différent qui est celui de la réflexion. Cehii qui apprend toujours cesse de s'instruire.

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