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MŒURS SCIENTIFIQUES EN AUSPASIE 369

mer et ne parvienne aux oreilles de vos compatriotes. Les raisons de ce délai sont fort curieuses et, pour vous les faire comprendre, il me faut raconter par le menu les diverses démarches qui ont rempli la vie de Léonard depuis qu'il a mis la dernière main à son ouvrage.

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��J'ai fait la connaissance de Léonard il y a une dizaine d'années, alors que je hantais les laboratoires dans le dessein d'y trouver solution à de certaines inquiétudes morales. J'ai, de ces études, retiré d'amples satisfactions, mais nullement celles que j'en attendais. En d'autres termes, la science n'a donné réponse à aucune des ques- tions qui me tourmentaient alors et qui n'ont cessé de me tourmenter depuis; la science est restée muette, vous dis-je, mais elle m'a procuré une sorte d'ivresse qui a retiré de l'acuité à mes doutes, elle m'a donné quelques motifs d'orgueil, elle m'a fait, souventes fois, illusion sur la valeur morale de ses fins.

Passons! Il s'agit de Léonard. Et, en vérité, rien n'est plus édifiant que son histoire.

Expérimentateur irréprochable, esprit rigoureux et in- génieux, analyste subtil, Léonard me frappa, dès le début de nos relations, par l'ampleur et la générosité de ses vues. La haute spécialisation, à laquelle les nécessités modernes de la science astreignent tout chercheur, n'a pas fait de lui un infirme : il jouit d'un champ visuel développé et l'intérêt qu'il porte au monde déborde volontiers le disque clair d'un microscope.

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