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Page:NRF 14.djvu/440

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434 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

sèment, une mollesse, un déclin, une chute. «De la hauteur où ils étaient, toute la vallée paraissait un immense lac pâle, s'évaporant à l'air.» « La catapulte roula jusqu'au bord de la plate-forme ; et, emportée par la charge de son timon, elle tomba, fracassant les étages inférieurs. » Au milieu d'une phrase, il est maçonné et sou- tenu par des valeurs fortes. « Elle entrevit, parmi les illusions de son espoir, un état de pureté flottant au-dessus de la terre, se con- fondant avec le ciel, et où elle aspira d'être. »

��« La conjonction et, dites-vous, n'a nullement dans Flaubert l'objet que la grammaire lui assigne. Elle marque une pause dans une mesure rythmique et divise un tableau. En effet, partout où on mettait et, Flaubert le supprime... Chez Flaubert, et commence tou- jours une phrase secondaire et ne termine presque jamais une énu- mération. » Votre remarque est vraie en ce qu'elle aifirme, mais me paraît bien contestable en ce qu'elle nie. Et a en français deux significations, dont les grammairiens se sont obstinés à ne voir jamais que la première : une signification de liaison statique et une signification de liaison dynamique, de mouvement. Flaubert, comme tout écrivain, emploie l'une et l'autre. Il se sert du premier et pour terminer une énumération, toutes les fois que l'énuméra- tion est donnée comme complète, ne l'emploie pas quand elle est indéterminée ou incomplète, et il fait là comme tout le monde : « Il contenait des écuries pour trois cents éléphants, avec des ma- gasins pour leurs caparaçons, leurs entraves et leur nourriture, puis d'autres écuries pour quatre mille chevaux avec les provisions d'orge et les harnachements, et des casernes pour vingt mille soldats, avec les armures et tout le matériel de guerre. » Mais « Des arborescences, des monticules, des tourbillons, de vagues animaux, se dessinaient dans leur épaisseur diaphane. » Je prends ici deux phrases limites, qui se passent de commentaires, mais il est bien évident que Flaubert a plus souvent à faire des énumé- rations évocatoires du {second genre que des [énumérations inven- taires du premier.

Quant au et dynamique, ,il a pour type (le et épique, calque du

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