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Page:NRF 15.djvu/254

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2:\S. LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

liaient longtemps, qu'ilavaitson pied-à-terre : une garçon- nière bien aménagée dans un coin feuillu du vieux Passy.

II n'avait pas revu non plus M""= Crosland, et il ne la reverrait jamais. La pauvre femme était morte, il y avait un an, à Philadelphie, où un de ses cousins, veuf, l'avait appelée pour tenir sa maison, peu de temps après le départ de Marc. Elle lui avait écrit souvent, et il gardait encore ses longues lettres, pleines de tendresse et de réminiscences de lectures, avec leurs enveloppes sur lesquelles elle écrivait, sans doute parce qu'elle croyait que c'était plus correct ou plus couleur locale, au lieu de « France » : « La France ». Une fois, elle lui parlait de sa fille : « Queenie, qui est près de moi, me dit de vous envover son affection. C'est une grande et belle fille, à présent, et elle n'a pas pris l'accent améri- cain. » Puis, un jour, une lettre de Queenie elle-même lui avait appris la maladie et la mort d'Edith. Marc en fut triste pendant- un grand quart d'heure. En somme cette femme était une des personnes dont il pouvait se dire qu'elles l'avaient vraiment aimé : elle ne lui avait fait que du bien, alors qu'il l'avait mise dans une posi- tion où elle aurait pu lui nuire, ou tout au moins lui être désagréable.

Il avait écrit à Queenie une lettre de condoléances, et dès lors ils avaient échangé des cartes postales. C'est ainsi qu'il avait appris son retour d'Amérique, et qu'elle habitait de nouveau chez sa tante, M""- Longhurst ; mais c'était à un bureau de poste qu'il lui adressait ses cartes. Une correspondance d'un ton purement amical de part et d'autre, du reste. Mais depuis près de cinq mois, Queenie avait cessé de lui écrire et il avait attendu si

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