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BEAUTÉ, MON BEAU SOUCI 249

longtemps sa réponse à la lettre qu'il lui avait envoyée quelque temps après son arrivée à Londres, qu'il avait presque renoncé à la voir avant son départ, car ses affaires l'obligeaient à repasser dans peu de jours sur le Continent. Et voici qu'elle ne viendrait peut-être pas au rendez-vous qu'il lui avait fixé.

— Je suis sûre que je ne me trompe pas : Mon- sieur Fournier ?

— .Oh, Queenie!... Mademoiselle Crosland ; com- ment allez-vous ?

Il Tavait à peine reconnue, tant elle avait grandi : mais tout de suite il retrouva, tel qu'il l'avait aimé jadis, le grand pays tendre et clair de ses yeux bleus.

— Excusez-moi, je suis en retard. Mais je travaille jusqu'à six heures.

— Oh, cela ne fait rien. Nous avons le temps d'aller goûter dans un joli endroit que vous ne connaissez peut-être pas encore ; ii est tout nouveau. C'est un sous- sol avec de silencieuses petites pièces, des tapis épais, des recoins mystérieux, des lampes voilées de soie rose, et de belles servantes, vêtues d'une manière impression- nante. \'ous verrez, c'est près de Piccadilly.

Elle dit : « Oh, Piccadilly ! » avec un sourire triste qui fit que Marc la regarda, surpris. Elle avait raison : elle était vêtue trop simplement pour qu'il pût l'emmener dans cette élégante boutique de thé. Même, trop pau- vrement vêtue. Il essaya de réparer sa bévue :

— C'est vrai ; c'est loin, et quand nous arriverons, ce sera fermé. Allons donc tout simplement ici, tout près, dans Edgware Road.

Ils y allèrent.

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