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782 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

M. Paul Bcnet. (Hachette. Collection des Grands Écri- vains, 2 vol. gr. in-8.)

M. Paul Bcrret a, depuis trente ans, consacré tous ses loisirs à étudier la poésie de Hugo, les sources historiques et litté- raires de son inspiration, ses procédés de travail et la méca- nique de son verbe incomparable. Son édition de la Légende des siècles est un monument d'érudition en même temps qu'un chef-d'œuvre de critique scientifique. L'abondance et l'in- géniosité des confrontations de textes font de cet ouvrage une sorte de dictionnaire des images et du lyrisme roman- tiques. M. Paul Berrct est un admirateur de Victor Hugo poète, mais il ne professe pas à l'endroit du philosophe et du penseur le culte orthodoxe de M. Paul Soudav qui, par une singulière déformation du sens critique, classe, juge, censure et loue les écrivains morts ou vivants selon qu'ils ont eux-mêmes bien ou mal parlé — ou pensé — de Hugo. L'a.théisme de Mérimée n'a pu sauver cet auteur des foudres de M. Soudav. Et naguère, pour délit de lèse-Hugo, Baude- laire et Moréas furent, par le magistcr du Temps, fustigés d'importance.

M. Paul Soudav, ferme républicain, considère Victor Hugo comme un pilier du régime et l'hugolàtrie comme la marque d'un esprit libre et ami du progrès. Mais il a donné par ailleurs tant de preuves de son peu de goût et de dis- cernement en matière de poésie qu'on peut bien douter qu'il admire en Victor Hugo ce qui est en effet admirable.

Le caractère colossal et pyramidal de l'œuvre de Hugo, construite en forme de système philosophique où les pro- positions sont remplacées par des antithèses, a quelque chose de simpliste et de volontairement primaire. Ce côté déplaisant et suranné est justement celui qui parait avoir séduit M. Paul Souday. Mais la bête noire de ce dernier est Lamartine que de méchants réactionnaires feignent

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