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RÉFLEXIONS SUR LA LITTÉRATURE

��UNE PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE

Il serait évidemment à souliaiter qu'au tournant historique où no-us nous trouvons aujourd'hui, et qui sera sans doute reconnu plus tard, quand le paysage aura pris forme et suite, comme un des tournants capitaux de Thumanité, une grande philoso- phie de l'histoire vînt ajouter de la conscience à cette vie intense, donner une phosphorescence aux. courbes de ce tour- nant- En France, en Allemagne, en Angleterre, la Révolution française et le régime des traités de 1815 avaient déterminé pendant la première moitié du xix^ siècle un épanouissement puissant de philosophie historique. Que cesgrands systèmes aient f ait naufrage, qu'aucun d'eux n'ait été sauvé par la valeur litté- r aire comme le Discours de Bossuet ou V Essai sur les Mœurs de Voltaire, cela importe peu : l'essentiel est qu'en leur temps les Maistre, les Guizot, les Tocqueville, les Carlyle, les Hegel, aient permis aux intelligences de respirer longuement et passionnément un air historique, de sentir, avec une part d'illusion et une part de vérité, leur marche accordée sur le pas de l'humanité. Les exigences de la critique ont ruiné ces constructions audacieuses et naïves, auxquelles un peu d'histoire conduit et desquelles beaucoup d'histoire éloigne. Elles n'en ont pas moins leur intérêt. Edifices fragiles comme les bâtiments d'Exposition, elles nous habituent à établir des inventaires, à saisir de façon plus aiguë et plus vivante notre diuée propre, et je crois que le besoin s'en fait sentir aujourd'hui pour l'intelligence français^..

Il s'en fait sentir obscurément, sans avoir créé jusqu'ici

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