s’enseigne, et que les jeunes poètes, s’ils ignorent leur métier, n’aient plus l’excuse de ne savoir où l’apprendre.
Une « école de poésie » ne va pas soudain sortir de terre. Mais il est permis de tenter dès maintenant un petit essai modeste dont je veux espérer que les poètes et amateurs de poésie ne se scandaliseront point. Nous avons bravement décidé, Georges Chennevière et moi, d’ouvrir, dès le début de la saison prochaine, à Paris, un petit cours de technique poétique, et nous serons tout heureux si nous réussissons à grouper et à retenir quelques auditeurs. Ce n’est pas un projet monstrueux, ni qui mérite qu’on nous accable de railleries.
Nous n’esquiverons point la difficulté, au contraire. Nous prendrons le mot d’« enseignement » dans toute son honnête rigueur. L’un de nous fera un cours théorique, c’est-à-dire exposera le détail successif des ressources et des règles de la versification moderne. L’autre dirigera des travaux pratiques, c’est-à-dire proposera des exercices de prosodie, montrera comment s’appliquent les règles, comment s’emploient les ressources, comment se construit un vers, une strophe, un poème. Les deux enseignements suivront, bien entendu, une marche parallèle.
Rassurons tout de suite les « consciences ». Nous n’entreprendrons point sur leur liberté. Il ne sera pas fait par nous la plus fugitive allusion aux choses qui concernent le fond, la matière même de la poésie, aux problèmes de l’inspiration, de la tendance esthétique, de la doctrine littéraire, ni proprement à ceux du style. C’est là une tout autre besogne. Nos auditeurs auront licence de mettre en vers la vie de Confucius ou l’art de cultiver les salades. Une technique constituée est quelque chose d’objectif, dont la valeur ne dépend point d’un parti-pris esthétique, et qui doit pouvoir servir à l’expression de n’importe quoi.
C’est dire, par là-même, que nous n’exposerons pas une technique « personnelle ». Il faut d’ailleurs une époque