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HYMÉNÉE ! 35

Anoutchkine. — C'est comme ça que vous me trompiez, Fiôkla Ivanovna !

Kotchkariov. — Avance un peu pour subir ton châtiment.

Fiôkla. — Je n'y comprends rien ; vous m'étourdissez absolument.

Iaïtchnitsa. — La maison n'est construite qu'en parements de briques, vieille semelle, et tu m'as menti en prétendant qu'il y avait une mansarde ; tu as menti en tout.

Fiôkla. — Ce n'est pas moi qui l'ai bâtie. Il a dû y avoir une raison pour qu'on s'y prenne ainsi.

Iaïtchnitsa. — Et la maison est hypothéquée ! Que le diable t'avale, sorcière maudite ! (Il trépigne.)

Fiôkla. — Voyez ça ! Il m'insulte. Un autre m'aurait remerciée d'avoir fait tant de démarches pour lui.

Anoutchkine. — Vous m'aviez aussi narré, Fiôkla Ivanovna, que la demoiselle savait le français.

Fiôkla. — Mais elle le sait, mon chéri. Elle sait tout. Et l'allemand, et n'importe quoi. Et toutes les manières que vous voudrez, elle les sait.

Anoutchkine. — Ah, ça non ! Je crois qu'elle ne sait que le russe.

Fiôkla. — Quel mal y a-t-il là ? Le russe est plus facile à comprendre, c'est pourquoi elle parle russe. Si elle savait le musulman, ce serait pire pour toi : tu n'y comprendrais goutte. D'ailleurs il n'y a rien à reprocher au parler russe ; on sait ce qu'il est : tous les saints parlaient russe.

Iaïtchnitsa. — Approche un peu, damnée ! Approche-toi de moi !

Fiôkla, marche à reculons vers la porte. — Je ne m'approcherai pas ; je te connais ; tu as la main lourde ; pour un rien tu rosses.

Iaïtchnitsa. — Ecoute, ma colombe, tu ne t'en tireras pas à si bon compte. Je te traînerai à la police. On t'y apprendra à tromper les honnêtes gens. Tu verras ! Et tu